Course à la chefferie du Parti Québécois, par Laurence Tôth

Depuis que Pauline Marois a quitté la direction du Parti québécois, plus d’un brigue la chefferie, dont l’un se démarque particulièrement pour les questions éthiques que sa candidature soulève. Effectivement, élu comme député, Pier-Karl Péladeau est également actionnaire principal de l’empire médiatique Québécor. L’élection du magnat de la presse a fait couler beaucoup d’encre et a accaparé un grand espace dans l’espace médiatique, beaucoup se demandant s’il est éthique de posséder un siège à l’Assemblée tout en contrôlant les médias qui doivent pouvoir critiquer librement et sans contrainte le pouvoir politique.

 

Le débat public autour de cette question s’est véritablement invité à l’Assemblée nationale à la suite de la motion de François Legault[1]. Effectivement, « la motion PKP » vise à modifier le code d’éthique et de déontologie des membres de l’Assemblée nationale[2] pour empêcher un député de contrôler une entreprise médiatique. Les trois conditions de Kingdon ont été réunies afin qu’une politique publique voit le jour, soit le courant des problèmes, de la politique et de la solution. Les caquistes, les libéraux ainsi que les solidaires ont tous voté en faveur de la motion, formant ainsi une brève alliance dans le dossier. Par ce vote, ils ont tous reconnu la nécessité du gouvernement de se pencher sur la question à la suite des pressions du « input ». Le moment est plus qu’opportun, puisque les candidatures s’officialisent ces jours-ci et la possibilité que M. Péladeau l’emporte est très réelle. Cela n’est donc pas futile d’aborder la question avant même que le candidat annonce qu’il se mêle à la course. Et finalement, les solutions envisagées sont nombreuses : la vente complète des actions, la simple fiducie sans droit de regard, la renonciation au poste de chef ou les conclusions de la commission parlementaire attendues le 19 novembre. Les députés de la CAQ, du parti Libéral et même de Québec Solidaire, même s’ils ont des intérêts différents, ont tout à gagner à s’allier dans le but de concrétiser leur objectif, c’est-à-dire de ne pas se mesurer à PKP, dont le succès est indéniable auprès de la population, lors d’une prochaine élection provinciale. La question éthique a su rallier les députés d’allégeance différente afin qu’ils lèvent l’ambiguïté sur cette situation épineuse, preuve qu’il est possible de faire abstraction de la partisanerie pour répondre aux besoins de l’environnement.

 

Par Laurence Tôth, étudiante au baccalauréat en études politiques appliquées