Dans le même esprit que la plupart des politiques qu’il met de l’avant depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement libéral s’applique à couper le plus possible dans les dépenses. Le 12 décembre dernier, le gouvernement a annoncé vouloir couper plus de 130 000$ en financement pour les revues et publications scientifiques de la maison d’édition BLD, comprenant entre autres la revue Les débrouillards . Les coupures touchent également l’Agence Science-Presse, au montant de 123 000$. Le ministère de l’Économie, de l’Innovation et des Exportations a pris cette décision en l’expliquant par une réorganisation des priorités . Pour l’Agence Science-Presse, les coupures l’ont amené à considérer la faillite alors que la subvention représente 70% de leurs revenus annuels . Devant l’opposition de plusieurs, le ministre Jacques Daoust a annoncé deux jours plus tard qu’il n’y aurait pas de coupures dans les subventions.
La population a rapidement réagi principalement parce que le partage de la culture scientifique était en danger. Le public cible étant les enfants et les jeunes de 17 ans et moins, il est difficile de toucher aux acquis de cette tranche de la population . Le programme touché par cette annonce est celui des subventions que le ministère de l’Économie, de l’Innovation et des Exportations du Québec accorde à 13 types de projets (commercialisation, environnement, etc.) . Sur leur site, on apprend que le but des dites subventions est de faire le partage des connaissances et des innovations scientifiques . Rappelons que le ministre a une certaine influence sur les orientations que prend son ministère et dans le choix des politiques publiques.
Rappelons qu’une politique publique est tout ce que le gouvernement décide de faire ou de ne pas faire . De ce fait, il s’agit d’une politique publique même si celle-ci est abandonnée quelques heures plus tard. Référons-nous aux courants de Kingdon pour comprendre pourquoi la politique publique n’a pas eu de suite. Selon l’auteur, l’émergence d’une politique publique doit être le jumelage des courants des problèmes et de la politique . L’auteur mentionne que ces derniers doivent être couplés puisqu’ensemble, ils constituent une fenêtre d’opportunité. Pour le courant des problèmes, la politique doit sembler répondre à une réelle problématique . Pourtant, le problème du financement de ce secteur n’avait pas fait surface. La définition des problèmes dépend aussi de l’acteur politique auquel ils sont associés. Dans le cas présent, le problème d’un trop grand financement n’en était pas vraiment un puisque le ministre a corrigé ses propos par la suite. Pour le courant de la problématique, Kingdon mentionne qu’un momemtum, une cohésion nationale ou encore l’appui de mouvements sociaux doivent soutenir l’émergenc . Une idée dominante doit occuper «l’esprit des citoyens», ce qui n’est pas le cas ici.
L’annonce du gouvernement du Québec ne regroupait pas ces deux courants pour la mise à l’agenda de sa politique. Peut-être s’agissait-il plutôt d’un ballon politique de la part du gouvernement pour sonder l’opinion publique en ces temps de compressions budgétaires . À la lumière de cette analyse, on peut comprendre que l’émergence des politiques publiques repose sur des courants et que ceux-ci doivent être jumelés au bon moment.
Par Joanie Dansereau-Béchard, étudiante au Baccalauréat en études politiques appliquées
Sources
CLOUTIER, Mario. «La culture scientifique attaquée», La Presse.ca, [En ligne], 13 décembre 2014, http://www.lapresse.ca/actualites/politique/politique-quebecoise/201412/12/01-4827889-la-culture-scientifique-attaquee.php (Page consultée le 15 décembre 2014).
GOUVERNEMENT DU QUÉBEC MINISTÈRE DE L’ÉCONOMIE, DE L’INNOVATION ET DE L’EXPORTATION. «Obtenir du financement; promotion de la science et de l’innovation», Ministère de l’économie, de l’innovation et de l’exportation, [En ligne], 2014, http://www.economie.gouv.qc.ca/objectifs/financement/promotion-de-la-science-et-de-linnovation/ (Page consultée le 16 décembre 2014).
LEMIEUX, Vincent. «Le courant de la politique», L’étude des politiques publiques, Québec, Presses de l’Université Laval, 2009, p.37-38.
LEMIEUX, Vincent. «Le courant de la politique», L’étude des politiques publiques, Québec, Presses de l’Université Laval, 2009, p.35-36.
Notes de cours, Lacroix, automne 2014.
ORFALI, Philippe et PELLETIER, Laura. «Québec renonce à couper», Le Devoir; libre de penser, [En ligne], 15 décembre 2014, http://www.ledevoir.com/politique/quebec/426718/vulgarisation-scientifique-les-liberaux-font-volte-face (Page consultée le 16 décembre 2014).
PAQUET, Dominic. «Des ballons politiques pour célébrer la rentrée», ICI Radio-Canada, [En ligne], 4 octobre 2014, http://ici.radio-canada.ca/emissions/a_la_semaine_prochaine/2011-2012/chronique.asp?idChronique=351119 (Page consultée le 16 décembre 2014).
SIOUI, Marie-Michèle. «Québec recule sur Les débrouillards», La Presse.ca, [En ligne], 14 dcembre 2014, http://www.lapresse.ca/actualites/politique/politique-quebecoise/201412/14/01-4828191-quebec-recule-sur-les-debrouillards.php (Page consultée le 15 décembre 2014).